Notes et surlignements pour Récits dun pèlerin russe (Jean Gauvain)


Surlignement (jaune) - Emplacement 19

tout un monde, encore médiéval, pénétré de charité et profondément chrétien.

Surlignement (jaune) - Emplacement 20

Mais le pèlerin mendiant s’exerce à une méthode d’ascèse spirituelle très particulière. Lisant d’une part des extraits des Pères de l’Église, pratiquant d’autre part la prière perpétuelle, il progresse dans la voie contemplative. On suit avec intérêt, au milieu d’un monde de très humaines aventures, les progrès de cette âme qui s’applique à régler sa prière sur les battements du cœur. Singulier exemple de participation du corps à la vie de l’esprit, ce livre est l’un des documents les plus extraordinaires qui soient sur la vieille Russie.

Surlignement (jaune) - Emplacement 109

Pour le guider dans cette quête, le pèlerin n’a que deux livres, la Bible et un recueil de textes patristiques, la Philocalie. Ce nom seul permet de définir l’école à laquelle il se rattache. Russe du XIXe siècle, le pèlerin est un hésychaste.

 

Surlignement (jaune) - Emplacement 113

L’hésychasme remonte aux premiers siècles chrétiens. Il prend son origine au mont Sinaï et au désert d’Égypte. Dans l’Église orientale il apparaît comme le courant mystique par opposition à la tradition purement ascétique issue de saint Basile, qui domina longtemps par suite de la condamnation de l’origénisme aux Ve-VIe siècles. Inspirée d’Origène et de Grégoire de Nysse[ 4], la mystique orientale donne pour fin à l’âme humaine la déification. La nature humaine est bonne, mais déformée par le péché. La rendre à sa vertu première, rétablir dans l’homme, qui est à l’image de Dieu, la ressemblance divine, œuvre de la grâce, c’est la voie du salut. Sous l’action de la grâce, l’esprit, libéré des passions par l’ascèse, s’élève à contempler les raisons des choses créées, et parvient parfois jusqu’à la « nuée lumineuse », la contemplation obscure de la Trinité sainte. Tel est le but auquel se consacrent les solitaires et les grands mystiques des dix premiers siècles chrétiens. Pour fixer leur esprit sur les réalités invisibles, certains d’entre eux sont conduits à adopter des procédés techniques, comme la répétition fréquente d’une courte prière, le Kyrie Eleison. Les catholiques, familiers avec le chapelet, ne sauraient s’en étonner. Liée au dogme de la résurrection future, l’idée d’une participation du corps à la vie spirituelle est en soi profondément orthodoxe. Ainsi se développe peu à peu ce qui, un jour, dans des controverses acharnées, sera qualifié d’hésychasme.

 

Surlignement (jaune) - Emplacement 146

Errant toujours de lieu en lieu, n’ayant pas même une pierre où reposer sa tête, la prière perpétuelle est avant tout pour lui le moyen de fixer l’attention sur le mystère de la foi, et de ramener l’âme vers elle-même. Son esprit demeure toujours actif et sa foi s’illumine par une recherche ardente et sincère.

 

Surlignement (jaune) - Emplacement 208

on lisait l’Épître de l’Apôtre aux Thessaloniciens, au passage[ 6] dans lequel il est dit : Priez sans cesse.

Surlignement (jaune) - Emplacement 221

comment arriver à prier véritablement – là-dessus on ne disait rien.

 

Surlignement (jaune) - Emplacement 282

il faut prier sans cesse, toujours, en toute occasion, en tout lieu, non seulement pendant les travaux journaliers, non seulement en état de veille, mais aussi dans le sommeil : je dors, mais mon cœur veille[ 15]

 

Surlignement (jaune) - Emplacement 359

« Demeure assis dans le silence et dans la solitude, incline la tête, ferme les yeux ; respire plus doucement, regarde par l’imagination, à l’intérieur de ton cœur, rassemble ton intelligence, c’est-à-dire ta pensée, de ta tête dans ton cœur. Dis sur la respiration : « Seigneur Jésus-Christ, ayez pitié de moi », à voix basse, ou simplement en esprit. Efforce-toi de chasser toutes pensées, sois patient et répète souvent cet exercice. »

 

Surlignement (jaune) - Emplacement 426

J’étais comme retranché de tout et me sentais dans un autre monde : Je terminai sans difficulté mes douze mille oraisons avant la fin du jour.

 

Surlignement (jaune) - Emplacement 466

Parfois, je fais plus de soixante-dix verstes en un jour et je ne sens pas que je vais ; je sens seulement que je dis la prière. Quand un froid violent me saisit, je récite la prière avec plus d’attention et bientôt je suis tout réchauffé. Si la faim devient trop forte, j’invoque plus souvent le nom de Jésus-Christ et je ne me rappelle plus avoir eu faim. Si je me sens malade et que mon dos ou mes jambes me fassent mal, je me concentre dans la prière et je ne sens plus la douleur. Lorsque quelqu’un m’offense, je ne pense qu’à la bienfaisante prière de Jésus ; aussitôt, colère ou peine disparaissent et j’oublie tout. Mon esprit est devenu tout simple. Je n’ai souci de rien, rien ne m’occupe, rien de ce qui est extérieur ne me retient, je voudrais être toujours dans la solitude ; par habitude, je n’ai qu’un seul besoin : réciter sans cesse la prière, et, quand je le fais, je deviens tout gai.