Parce que la plupart des adultes mentent aux enfants la plupart du temps, l’adulte pédophilique semble honnête, quelqu’un qui dit la vérité, le seul adulte justement, prêt à découvrir le monde et à ne pas mentir
Lordy, lordy, I do still love that piece of shit
C’était un de mes artistes préférés quand j’étais aux beaux-arts. Je dirais qu’il m’a fallu deux secondes pour comprendre de quoi on parlait dans son œuvre. Et ça m’a plu, qu’on me parle, enfin, de ce que je connais bien : le vice, la ruse. Cette bonne vieille ambiance de vicelard, de dégoûté de la vie :
L’homme a toujours su parler aux jeunes, c’est indéniable.
Au début, je l’ai aimé pour son “Scarface”, posé à Belsunce, dans un ancien cinéma porno, des grosses ampoules rouges, qui écrivent SCARFACE, ding ding ding, dans ta face, H.I.P.H.O.P. Eh b-boy, Afrikaa Baambata a lui aussi violé des mômes, si tu ne le savais pas, maintenant tu sais. SCARFACE qui m’a fait découvrir Claude Lévêque, donc, et j’ai kiffé mais total et tout de suite et pour ce que c’était : un truc violent, débile, bizarre.
Ensuite j'ai vu (en photo) ses installations spectaculaires comme du ACDC :
ou du Michael :
ou un clip de R.Kelly :
et ça :
et ça :
et le plus que culte :
et le plus que plus que culte :
La fin de la fête, la haine, le dégoût, Nevers ou la morne pampa, la rigolade, l’idiotie, psychokiller, feu d’artifices, champagne, voilà ce que c’est. D’avoir 14 ans et demi dans sa tête.
Le gars fout des pneus de tracteurs dorés dans les escaliers de l’Opéra Garnier, en expliquant « c'est comme un carrousel, une invitation à la danse, à la valse », et ça me fait encore éclater de rire et même, je trouve ça beau et cohérent :
Alors il ne s’est pas passé grand-chose : vers ma troisième année de beaux-arts, je lui ai écrit une petite lettre séductrice, comme je sais faire. Il me répond avec un texte dépressif où il raconte un concert d'Iron Maiden ou de Slayer vu depuis un corps-mort de 55 ans. On boit un café chez lui, à Montreuil.
Plus tard, on participe à la même expo, à L'impasse. Au vernissage, il traînait avec un gosse de 14-15 ans, comme s’ils étaient potes. Il y avait les parents. J’ai tiqué et dénié dans le même mouvement.
Plus tard encore, j’ai repensé à cette photo :
Puis j’ai vu, une de ses œuvres des années 80:
Encore encore plus tard, je me suis dit : c’est pour ça qu’on l’invite. C’est notre monde. Pas de surprise. On a grandi là-dedans. Toutes et tous. Les années 80-90. À 8 ans, je lisais Ranx Xerox. À 14 ans, on matait Salò ou les 120 Journées de Sodome en fumant des spliffs avec mes potes. L'été de mes 14 ans, je partais seul sur un bateau avec un pédophile :
Tout ça c’était normal, pas vrai ?
Non ?
Alors peut-être qu’on a besoin des artistes, pour qu’ils expriment cette violence, cette haine, peut-être que c’est ça, l’Art, peut-être même que c’est toujours ça, l’art, un renard mort qui passe dans le landau :
C’est tout à fait possible. C’est ce qu’on s’est raconté pendant longtemps. Un jeu où on célèbre les règles du jeu : manger ou être mangé. Ces règles qu’on pense immuables.
Mais souvenez-vous, il y avait un débat, dans les années 70-80 : qui est malade ? Le pédophile ou la société ? Est-ce que le pédophile ne mérite pas lui aussi de sortir du DSM (le manuel des maladies mentales), comme l’homosexuel ?
Et au début des années 2000, Claude Lévêque participait à cette expo, « Présumés innocents », où la partie la plus en place et la plus influente du milieu, ou presque, jouait avec ce thème plus ou moins avoué, le mot de passe préféré des pédos, du Freud détourné : « l’enfant est un pervers polymorphe ». Tous ces boomers infects, au pouvoir, sous le parapluie de 68, et du Marquis de Sade, et du Bataille et du Cioran et du Ginsberg, membre assumé de la NAMBLA (North America, Man/Boy Love Association), la liste est looooooongue, ils ont dû abimer un nombre de gens pas possible, des gens qui sont comme des murs pour eux, où ils écriraient :
Dunkerque,
2002
Photographie couleur
21 x 30 cm
5
exemplaires
Collections privées
On ne parlera pas de la brochure, éditée en 1982 par le ministère de la Jeunesse et des Sports intitulée J’aime, je m’informe et qui recommandait la lecture du Bon Sexe illustré, de Tony Duvert, texte vantant les mérites de la pédophilie et argumentant en sa faveur. C’est loin tout ça.
Enfin, moi, j’habite depuis mes 14 ans de l’autre côté de pédoland*,
[*j’emploie ce terme, d’abord pour la référence à Disney Land et ensuite au Neverland de Michael. Je ne dirais pas qu’il y a vraiment du trafic d’organes dans les parcs à thème, mais presque, du moins symboliquement.
Contrairement à d’autres qui emploient aussi ce terme, je ne soutiens pas l’extrême-droite, et je ne crois pas (du tout) qu’il y ait eu un réseau pédophile international derrière Outreau.
Par contre, soit-dit en passant, à propos des States, je pense que c’est très exactement ce que voulait dire Nabokov (le type qui a écrit Lolita) quand il s’adressait aux USA : « vous êtes des mangeurs d’enfants, regardez-vous ». Et les États-Unis ont répondu : « OUAIS ! » et ce bouquin est devenu le colossal succès que l’on connaît. C’est documenté, Nabokov a été absolument horrifié par cette réaction absolument horrifiante.
Ainsi, que d'aucuns-d'aucunes d’entre nous aient habité une sorte de “pays imaginaire” qué sapelorio pedoland ouais, à l’intérieur du pays réel, ouais, et tant pis si de gros fafs emploient le même terme, j'assume d'avoir un certain territoire en partage avec les tarés, parce que c’est exactement ça, l'effet que ça fait, il y a une vérité vraie là-dedans, on en tire pas les mêmes conclusions, c'est tout.
Et soit dit en (re)passant, Lolita de Nabokov dit presque tout du problème, en tout cas, il s’agit d’un portrait rigoureusement exact de ce qu’est un pédophile (ça ne veut pas dire qu’il faille le lire, juste qu’un pédophile, c’est très stéréotypé)]
Reprenons.
Enfin, moi, j’habite depuis mes 14 ans de l’autre côté de pédoland, du côté solitaire et parano, qui laisse ruminer ad lib, tous des lâches, des ordures, des crapules, personne pour affronter l’ogre, le véritable et authentique monstre mangeurs d’enfants, qui a pourtant une voix très douce, un regard très doux aussi, un de ces freaks immatures comme on en trouve plein les États-Unis, qui est aussi un gars du lumpen, échappé de la Nièvre, dont on peut se demander ce qui l’a rendu comme ça.
Si je n’ai pas été plus loin avec Claude, alors qu’il était franchement facile d’accès, en tout cas pour moi et pas mal d’autres jeunes artistes mâles, si je n’ai pas été plus loin alors qu’il m’attirait comme un aimant et que je l’admirais, c’est que j’avais déjà reçu mon éducation pédophilique, entre mes 9 et 14 ans, et ces choses-là ne s’oublient jamais, n’est-ce pas, alors j’ai fui. J’aurais pu continuer à traîner avec lui, à l’admirer au moins, ou essayer de le revoir, même à 25 piges, mais il m’a fait flipper, c’est aussi simple que ça.
Donc il ne s’est rien passé.
Alors pourquoi parler ? Je ne voudrais pas ici m’approprier les souffrances de ses anciennes victimes, dont on n’a même pas encore vraiment entendu les voix. Simplement, je me sens solidaire, quoique pas exactement comme j'en aurais envie. C’est-à-dire que ça me rend triste, que Claude Lévêque aille en taule, ou qu’il se fasse laminer ou qu’il se suicide. Ça me rend triste par une sorte de fidélité bizarre qui me colle au crâne depuis une semaine. Et j’ai l’impression que, s’il y a une solidarité, elle se trouve là, dans cette espèce de conflit de loyauté, et ce n’est vraiment pas agréable.
C’est peut-être ça, l’éducation pédophilique, qui me fait compter le Claude parmi les miens :
We’re
a happy family,
2012
Néon blanc sur canevas encadrés
31.5 x 353 x 6 cm
En tout cas, c’est presque certain que l’éducation pédophilique pose certaine bases :
Il m’a fallu 25 ans pour comprendre qu’ado, je n’étais pas une petite crapule assoiffée de sexe, mais qu’on m’a rendu comme ça, obsédé, et qu’on a bel et bien exploité ma sexualité naissante, comme celle d'un petit tapin.
Entendez-moi bien : j’espère vraiment que plus personne de moins de 16 ans n’approchera jamais Claude Lévêque. Il me semble que c’est l’objectif de la personne qui a averti la justice, et je respecte grandement cette démarche.
Mais moi, je me pose une autre question, depuis deux semaines maintenant, depuis que la “nouvelle” est tombée. Pourquoi, alors que je devrais être content, alors que j’ai vraiment des raisons personnelles de me réjouir qu’un type que je savais pédophilocriminel depuis fucking forever ne puisse plus continuer à violer des ados, alors que je devrais juste me dire yessss, pourquoi, par je ne sais quelle foutue diablerie, quelque chose me manque ?
Dans le débat qui semble suivre cette affaire (et les autres) apparaîssent des propositions de lois. Et alors que j'ai longtemps pensé que ça pourrait m'apporter quelque chose, j'ai décidé en questionnant cette affaire-en-cours : l'imprescriptibilité, pour les violences sexuelles, pour moi, je m'en fous.
En dehors du fait que, de toute façon, semblerait-il, si la loi sur l’imprescriptibilité passe, elle ne sera pas rétroactive, et que pour moi le prescrit, il n'y aura toujours pas de réponse à attendre, en dehors du fait que ce projet soit aussi porté par certaines assos aux méthodes parfois très pénibles, qui ont le mérite d'exister et qui font parfois de bonnes choses, mais dont le défaut majeur est de maintenir les anciennes victimes dans leur statut de victimes souffrantes, presque agonisantes, à moitié ou entièrement détruite, très souvent même détruite à vie, ravagé.es je t'explique même pas, en suivant ces associations, j'ai eut l'impression de revenir du Vietnam, que j'étais semblable à ce danger publique de Rambo, en dehors de cela, et en dehors du fait que personne là-dedans ne semble avoir lu Springora, visiblement, puisqu'on continue à défendre l'idée qu'un enfant ne puisse pas consentir, alors qu'un enfant très souvent consent, bien sûr, le problème c'est qu'on exploite son consentement, je ne sais pas en quelle langue il va falloir le répéter, bref, en mettant de côté tout cela, je me rends compte : ce qu'il y a de bien, ce qu'il y a d'important, peut-être, avec cette espèce de flux ininterompu de scandales, c'est qu'on pourrait, enfin, gagner du temps.
Le temps de discuter, de réfléchir, d'essayer de sortir du cercle nouveau scandale > on durcit les lois (qu'on appliquait pas) > dodo jusqu'au prochain nouveau scandale > où la réponse sera encore punitive et pénale, pour calmer les foules > les endormir, jusqu'au prochain nouveau scandale > où l'on fabriquera une nouvelle loi encore plus dure, du moins de manière symbolique > symbole qui ne s'adresse finalement presque jamais aux victimes, mais toujours à la société en général, qui condamne, qui n'en peut plus de condamner et de se désolidariser de "ça", l'infamie, comme si cela ne la concernait pas, mais alors pas du tout (j'y reviens de ce pas).
Eh bien moi, je ressens une manière de fidélité pour l’œuvre, ou pour l’homme, ou pour les deux, ou pour la pédophilie elle-même, tiens, cette atrocité certes -- une fidélité peut-être à ce que Claude Lévêque expose mieux encore que Michael Jackson, ce porc, une ambiance ambiguë, sodomie-dragibus, valstar-mobylette-branlette, pull mickey-pastille vichy, viol-fumée, carrelage marron, nique ta mère -- l’ambiance de ces années dans lesquelles on n’a pas choisi de grandir, mais où je suis chez moi, par je ne sais quelle malédiction qui me colle au crâne depuis cinq semaines maintenant.
Il existe un autre artiste mangeur d’enfants, très populaire dans l’art contemporain, celui-là violeur et assassin de petites filles, s’il n’avait pas eu le dessin et l’écriture comme exutoire, en tout cas, il ne s’est jamais fait prendre, Henri Darger :
Je le réunirais bien, avec Lévêque, dans les musées d’art brut, ou dans un grand, très grand, Musée du Viol et des Violeurs (MVV), je les réunirais bien dans mon musée, le MVV (à Tourcoing), en ceci qu’eux, comme Michael, et presque toute la pop de ces 40 dernières années, exposent très bien l’ambiance wind surf, doigt dans le cul, vomi, fond de teint orange qui se déploie, sans complexe, et depuis un bon moment, dans notre monde, en plein soleil même.
On va rendre, on va rendre, on va rendre, ton corps humiiiiiiiiiide
On te faire, on va te faire, on va te faire dire ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii
et tu va, et tu va et tu va penser à des cochoneriiiiiiiiiiiiiies
comme moi sur toi et toi sur moi
alors on fait quoi ?
À chaque fois qu’un morceau de Michaël passe à la radio, on célèbre des psychopathes qui font boire de l’alcool à des enfants pour les sodomiser, voilà les dessous du réel, ce qu’on ne veut pas entendre, pas voir, et que moi, j’ai pas envie d’appeler les dessous du réel, à vrai dire, moi je dis : c’est le réel ça.
MANGE ENCORE, comme faisait dire Pier.
Et voilà même, très exactement, le genre de plaisir qu’on apprend à aimer, quand on est un mec.
Allez, encore l'oracle Andrea Dworkin : les mecs sont des merdes et ils en tirent de la fierté.
À vrai dire, le nombre de choses masculines et culturelles et d’exception, le nombre de gestes artistiques saisissants, pétrifiants, chosifiants, diaboliques, qui rentrent dans mon musée (le MVV, à Tourcoing), c’est colossal. Je demande instamment une subvention (énorme énorme), parce qu’un musée, c’est vraiment l’endroit parfait pour épingler ce genre de papillons, mieux que la prison, les pointeurs (ré)exposés, il y en aura des milliers, de salles, une collection permanente permanente permanente permanente, du genre éternelle, et bien sûr, dans un petit coin caché, qu’on appellera le paradis, une fenêtre d'espoir, avec du Jacques Demy et du Prince dedans, en boucle.
Enfin bref.
C’est peut-être une fidélité à moi-même, en fait, qui me colle au crâne depuis un mois, à ce moi-même qui ne m’appartient pas, à ce genre d’image qu’on a voulu faire de moi :
Sans
titre,
2001
Tryptique, impression jet d’encre sur toile.
120 x 77
(chaque élément)
Exemplaire unique
Collection du Musée d’art
moderne de la Ville de Paris
Photo Claude Lévêque
qui est devenue une grande partie de moi, ou je ne sais pas quoi -- moi c'était plus tôt david hamilton, l'ambiance :
Beau gosse hein ?
On touche là un ensemble tout à fait brumeux. Pénible même. Mon expérience me fait dire que ce genre de choses se passent sous la peau. Comme une sorte de squelette, en forme de labyrinthe, qui se découvre petit à petit, au fur et à mesure qu’on vieillit. Et le vertige qui vous prend, au moment de se rendre compte à quel point on a, dans la tête et sous la peau, des choses qui ont été comme greffées en nous lors de notre construction, des choses aussi flippantes que la banalisation de la sodomie des petits gitons de 13 ans, des choses qui, pour moi en tout cas, ne se remboursent pas avec des années de prison, endroit profondément attaché au viol, au moins de manière symbolique, punition qui voudrait répéter le crime, encore et encore, à l’infini, d’une façon parfaitement absurde et insoutenable.
Parce que finalement, et c'est crucial de comprendre ça, tout ce monstrueux, c’est un peu comme une toile d’araignée : il s’agit d'en sortir.
Si je n'en sort pas, je vais en crever. C'est aussi simple que ça.
Ainsi, la dernière chose dont j'ai envie, c'est d'une vengeance, et ça m’étonne moi-même, alors que ça fait 25 ans que je pense assassiner le mien, de pédo, et que je saisis cette rare opportunité de mise en drame d’une histoire qui n’est pas la mienne pour faire comme si j’allais avoir droit à la justice, et il y a un biais là-dedans, parce que si c’était mon histoire, je ne suis absolument pas sûr que j'aurais cette distance, ni que j’appellerais, non pas à la mansuétude, mais au moins disons, à se questionner sur le châtiment, à prendre un peu le temps de la réflexion. Je le fais parce que ça me semble complémentaire à la phase d’action initiée par d'autres, et j’espère vraiment ne pas blesser ou blesser les gens proches de cette histoire, que je ne connais pas, qui ne sont certainement pas habitués à ma façon de parler, et à qui mes questions ne sont donc pas forcément adressées directement. Je leur souhaite d’abord et avant tout de gagner le combat qu’ils ont initié… Mais justement...
On peut tout de même se réjouir : les pédophiles/pédocriminels ont perdu la bataille de l’opinion depuis assez longtemps maintenant. Au moins 25 ans. Ils sont restés dans le DSM. C’est des malades. Faut les soigner. Le débat est clos depuis un moment, on sait tous que ça ne fait pas du bien aux gosses, ça abime les personnes qu’ils vont devenir, même si certains-certaines échappent au trauma (c’est possible hein), bref, il y a consensus, au moins là-dessus : la pédophilie, c’est du crime. On ne cherche plus à savoir si c’est bien ou mal ou autre chose. Il n’y a plus de doute. Les seuls qui continuent à croire qu’il s’agit d’amour, c’est les pédophiles eux-mêmes, les pédocriminels, les hommes qui violent, c’est même à ça qu’on les reconnaît. Ils sont persuadés qu’ils aiment les gosses, comme on aime une tarte aux pommes. “Bon appétit” écrit sous une photo d’enfant de cinq ans, à poil, ça pourrait être du Claude Lévêque, sauf que c’était dans P'tit loup, une revue pédophilique des années 80, montée par un des thésards de Barthes.
Alors on peut dire que c'est la fête aux violeurs en ce moment. Il y a deux jours, parmi les cinq premiers titre du monde.fr, Richard Berry accusé d’inceste par sa fille, Asselineau en garde à vue pour agressions sexuelles, Marilyn Manson accusé de viols. Les affaires pleuvent, très bien, tant mieux, big up à toi #metooinceste, big up à toi Genière Garrigou , et ta grande intelligence, big up #metoogay.
En même temps, les loups attendent au coin du bois. Robert Ménard qui se dit solidaire des victimes, les proto-Qanonistes français, qui n’ont qu’un doigt à lever pour prouver que le pédoland belgo-satanoïde est bien total, et, dans un genre plus passe-partout, mais tout aussi naze, KarlZero qui sort un “manifeste” contre la pédocriminalité… “Il y a un sujet” comme dirait l’autre premier ministre.
Malgré ces vautours, tout le monde à l'air d'y tenir, ça enfle,et bim, un de moins : Gérard Louvin.
Mais qu'on soit toustes d’accord : il ne s’agit pas de balayer la merde sous le tapis, c’est pas ça l’idée. Il s’agit de faire face.
Et là, dans le cas du Claude, mais je pense que le symbole vaut aussi pour les autres, les galeristes, les collectionneurs et les musées effacent les traces ? Act up retire de la vente un t-shirt ? Le mamco lave plus blanc que le macval qui parle d’une désormais nécessaire “mise sous silence du travail” ? Un geste de solidarité avec les victimes, peut-être. Peut-être du dégoût sincère de voir se confirmer des “soupçons”. Mais est-ce vraiment tout ce qu’il y à faire ? Ne même pas assumer cette culpabilité collective indéniable ? Parce que, pendant ce temps-là, les autres “maintiennent” les oeuvres-par-respect-pour-la-présomption-d'innocence. On argumente même, sur France culture , voyons, voyons, il faut savoir séparer l’homme de ses néons. Dans les deux cas, personne n’a rien à voir là-dedans ? Personne, dans les milieux avant-gardistes, pour dire des choses autrement plus importantes et jusqu'à présent presqu'inouïes comme : « le gars devrait se faire soigner » ? Ou alors, « comment on fait pour prévenir le passage à l’acte, chez ce genre de type attiré sexuellement par les enfants » ? Ou alors pour se demander, qui a été là pour protéger les familles vulnérables à ce genre de crapules, les familles de monstres, les familles comme la mienne, “monoparentales”, sans fric, pour lesquelles rencontrer une star de l’art contemporain est une chance rare à saisir, comme de faire un voyage en bateau contre des branlettes ? (oui, il y a un rapport entre mon expérience et celle de la prostitution, soit-dit en passant). Quels moyens on va donner pour que ça change ? Hein Yvon Lambert ? Hein les collectionneurs d'hier ? Vous allez banquer pour les daronnes seules, exposées ? Pour les soins de ces enfoirés et de leurs victimes ? Quelqu’un, juste, pour enfin débloquer des moyens ? Et il en faut, des moyens, parce que ces mecs se comptent par milliers. Là, on nettoie les traces et zou, on passe à autre chose ? On va se battre, maintenant, pour faire disparaître/invisibiliser son travail ? Qu’il finisse en taule ? Qu’il crève ? Je ne comprends pas. On veut tout oublier ? Ne rien retenir ? Que le mec devienne culte chez les pédos du darknet ? Le type t’as dit en pleine face : je suis bad, vraiment vraiment vraiment bad, et toi, au mieux, tu n’as pas voulu le croire. Il faut assumer ça, dès maintenant, dès le départ. C’est très important.
Quand je vois ces appels à la censure ici ou là, je rappelle que Springora n’a jamais exigé la disparition des livres de Matzneff, que c’est Gallimard qui s’achète une conscience en le faisant disparaître de son catalogue.
Par ailleurs, Lévêque, le bien nommé, doit répondre de ses actes les plus récents, mais il mériterait surtout des soins et une gigantesque psychothérapie plutôt que la taule et la censure. Et surtout, bien sûr, le plus vite possible, qu’il ne soit plus jamais proche d’aucun gosse.
Vous remarquerez que je ne demande même pas comment faire pour que les hommes arrêtent de violer ?
J'ai juste voulu proposer vite fait une petite révision de l'oeuvre de Claude Lévêque, au moins pour celleux qui ne connaissaient pas (enfin revoir ce que j’expose ici, sans autorisation, pas les trucs franchement pédoporno de ses débuts (là, ce n’est pas exactement nécessaire et de toute façon, tout a "disparu" (mais le type produit cela au moment (début 1980) où, je (re (re))répète, le ministère de la jeunesse et des sports conseille de lire Tony Duvert, (le pédoland qui nous a vu naître est alors absolument total)))), revoir ces œuvres donc, en sachant ce que l’on savait déjà, certes plus ou moins, mais en sachant au moins que le type n’était pas là pour rigoler et qu’il nous parlait bien de choses sombres et dégueulasses. Et qu’on l’a célébré pour ça, jusqu’à hier.
PS : J'ai aussi voulu dire que pour moi, prison, punition, vengeance, et la mise en spectacle judiciaire, telle qu'elle se pratique aujourd'hui, rien de tout cela ne me satisfait. Rien de tout cela n'est à la hauteur du crime, alors que ça devrait quand même être posssible, vu la banalité de la chose.
Je n'ai, hélas, pas de solutions à proposer. J'essaye de toutes mes forces d'exclure l'assassinat ciblé, réalisé par les premiers-premières concerné.es. De sortir du monstrueux. Alors, il me reste les bases : les soins, l'éducation, et la culture, une toute autre culture que celle-là même que j'expose ici, à mettre en partage.